Didier DAENINCKX est d'abord l'auteur de Meurtres pour mémoire, publié dans la Série Noire en 1984 et qui évoque le massacre de plusieurs centaines d'Algériens par la police du préfet Papon, le 17 février 1961, à Paris. Une trentaine de titres ont suivi parmi lesquels on citera Le der des ders (Folio),  Le bourreau  et son double (Folio), Le facteur fatal (Folio), Cannibale (Folio)  et Missak (Perrin)  dont Poésie/première a rendu compte dans son n° 46 de Février 2010 :

Missak Manouchian a été fusillé avec ses camarades de L'Affiche rouge le 21 février 1944. Nous avons en tête Les Strophes pour se souvenir, inspirées à Aragon par la dernière lettre de ce martyr de la Résistance à Mélinée, sa femme et sa compagne de lutte. Peut-être sait-on moins que ce poème, que Léo Ferré mettra magistralement en musique, est aussi l'hommage d'un poète à un autre poète. Oui, Missak écrivait des poèmes en français, pratiquait l'arménien littéraire, traduisait Baudelaire, Verlaine et Rimbaud pour des revues arméniennes et aimait citer l'Enfant grec de Hugo à son ami, le peintre Krikor Bedikian : De la poudre et des balles ! Le voici désormais, par le biais d'une enquête journalistique aux révélations douloureuses et certainement dérangeantes pour certains, le personnage central d'une trame romanesque dont les bases sont solidement étayées par l'histoire d'un demi-siècle épouvantable qui, pour cet immigré héroïque, va du génocide en Arménie aux fossés du Mont-Valérien. Un beau livre qu'accompagne, sous la même signature, mais aux Editions Rue du Monde (dont le catalogue offre de nombreuses références à la poésie), Missak, l'enfant de l'Affiche rouge, album destiné à la jeunesse et superbement illustré par Laurent Corvaisier dans une conception graphique d'Alain Serres où les polychromes d'une existence qui se construit dans l'amour et l'amitié s'opposent aux noir et blanc de la terreur bottée et casquée. 

Avec Didier Daeninckx, le roman policier n'abandonne pas son souci d'une intrigue bien construite avec des personnages convaincants,  mais il devient lieu de mémoire, l'histoire s'y invite  et fait remonter en surface tout le refoulé d'une époque.

 

 

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