L'allée du vingt et autres faits divers

  nouvelles noires

                                                                                                                     

     Dix  nouvelles dont la complexité - c'est la loi du genre - doit s'exprimer sous une forme ramassée.

     On est ici dans la thématique des histoires policières : L'Inconnue du Nord-Express fait même explicitement  référence à Hitchcock et Le petit cercueil évoque un problème de clef qui dira nécessairement  quelque chose aux  amateurs du genre. 

     On verra pourtant que la figure emblématique du flic est parfois absente, ou secondaire,  ou  qu'elle n'intervient qu'à travers l'image dégradée de la fonction : flic sadique, fatigué, inefficace et même  ridicule. La seule enquête au déroulement normalisé (La Simca Chambord) est intégrée à  une histoire où les implications historiques changent  la nature du récit.

     On verra enfin que le lecteur devra prendre en compte la dimension résolument humoristique de ces nouvelles en dépit de leur noirceur proclamée.

                                 

 

 

 

   

 Dans le fond, la nouvelle, c’est un peu comme un habit : elle est réussie quand ça tombe bien. Et pas seulement au moment de la chute !
   Quand elle fonctionne comme il faut, dès les premiers mots se met en place une mécanique implacable – fatalité ou “force des choses” – qui s’empare de l’attention du lecteur et la retient jusqu’au bout, sans temps mort. On pense à la définition que Jean Cocteau donnait du style : “une manière d’épauler, de viser, de tirer vite et juste”.
   Que vient faire tel personnage, cinq ans après toujours aussi traumatisé, devant cet immeuble avec son allée du vingt qui monte sur le flanc gauche ? Réponse en onze pages ! Qu’est-ce qu’on peut attendre – en quinze pages – d’un petit cercueil arrivé gentiment par la poste ? 
On peut faire plus long, on peut faire plus court, mais toujours le temps est compté. Il n’est pas question de s’amuser en route.
  D’ailleurs ici, ce sont des nouvelles noires qui sont proposées. La mort rôde : alors l’amusement... Mais qu’on s’entende bien : rien n’interdit à l’humour de s’inviter dans ces récits tendus.

Jean-Paul GIRAUX a publié un recueil de proses brèves, Le chimpanzé de Rio, à La Bartavelle éditeur. Il collabore aux revues Poésie sur Seine et Poésie/première auxquelles il donne régulièrement des articles critiques sur la poésie et les poètes.

En couverture : 

Les bulles, acrylique de Colette Giraux

ISBN 2-914227-86-8

www.editinter.net

15€

 

EXTRAIT

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JE  M’APPELLE JULIETTE 

 page 151

                                                      "Nous sommes tous fous"

                                                                                Samuel Beckett,  En attendant Godot

                                           

   Je m’appelle Juliette Autran. J’ai eu trente-quatre

 ans le trente juillet dernier. Juliette, c’est le prénom du calendrier ce jour-là. Il faut croire que mes parents manquaient d’imagination. Pour le calendrier, c’est facile à vérifier. Mes parents, eux, sont morts, dans un accident. Pas de chance ! J’habite dans l’immeuble depuis dix ans et je suis professeur d’histoire, dans un lycée.
     Je suis brune et je porte les cheveux très courts. Je mesure un mètre soixante-cinq. Je sais, ce n’est pas si mal pour une femme. Je suis mince et finalement pas trop laide, même si je me désole d’avoir les seins trop petits. L’année dernière, les crétins de seconde ont placé en évidence sur mon bureau une pub découpée dans un journal féminin où on proposait un traitement miracle pour acquérir une belle poitrine.

   J'étais furieuse !

   J'ai mal réagi. Au lieu d'ignorer la provocation, j'ai...

[Cette nouvelle, la plus courte du recueil - 7 pages - est aussi la dernière des dix nouvelles rassemblées]


 

PRESSE

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"La nouvelle est un art difficile qu'il convient de manier avec délicatesse et maîtrise. Jean-Paul Giraux s'y emploie dans L'Allée du vingt, livre que je découvre aujourd'hui et qui révèle un incontestable talent axé sur des faits divers circonscrits dans un lieu déterminé, citadin, dont la particularité est d'abriter de bien singuliers personnages... Sachez que la mort rôde dans L'Allée du vingt, et que Jean-Paul Giraux sait entretenir le suspense jusqu'à l'ultime instant."
Jean Chatard, Le Mensuel littéraire et poétique n° 346 (janvier 2007) 

"...Je viens de lire ces nouvelles avec le plus grand plaisir. Elles sont "noires" sans doute, mais d'un beau noir avec quelques touches roses: celles de l'humour que vous aviez déjà manifesté plus résolument dans "Le chimpanzé de Rio". La nouvelle - brève ou longue - est un genre que vous maîtrisez fort bien : la concentration, la création d'un suspense - souvent "policier" - le sens de la chute: le tout porté par une rigoureuse et vigoureuse écriture. C'est dire que je souhaite à ce livre le bon vent qu'il mérite".
Jean Joubert, poète et romancier, prix Renaudot 1975 avec "L'homme de sable". 

"En dix nouvelles [...], Jean-Paul Giraux s'avère comme un maître du polar bref. Tout y est : les lieux, l'atmosphère, les personnages - généralement très ordinaires -, les flics et leur psychologie en gros souliers, les faits - toujours têtus -, les suspects, les "coupables" - souvent inattendus - victimes de la fatalité ou d'eux mêmes, le tout arrangé vivement, sans délayage et sans explications superflues.
De "l'allée du vingt", dont la chute est la plus surprenante, aux malheurs de "Juliette", qui les attire à la queue leu leu et qui, comme plusieurs héros du livre, tombe dans un piège aussi imprévu qu'inéluctable, toutes sont déroutantes et les conclusions de la justice souvent inquiétantes. Attention : Les Talandier, grands amateurs de concours, sont capables du pire. Ils ne partagent pas. "Le petit cercueil" rappelle les agissements de certains tristes sires pendant l'occupation allemande où sévissait (comme aujourd'hui, hélas) la puissance des ragots et de la rumeur."La fille du quatrième", exhibitionniste à ses heures, l'a échappé belle. Mais une autre... Pour "Bel canto", il ne faut pas se fier aux apparences, etc.
Ces nouvelles noires sont menées tambour battant. Pris dans l'engrenage, constamment sous tension, on les lit d'un trait. L'auteur a atteint son but : nous tenir en haleine jusqu'au bout".
Jacques Simonomis, poète et directeur de la revue "Le Cris d'Os" n° 39/40.

"...Jean-Paul Giraux a [...] tenté avec un succès accompli la gageure, en dix ou vingt pages, de planter un décor, ménager un suspense, nous entraîner dans l'engrenage d'une "mécanique implacable" : la fatalité du drame antique, disait andré Malraux préfaçant Faulkner. C'est là "l'artisanat du bref", dirait Jean-Louis Ezine, "la poésie du fait divers", nous dit l'auteur. ...Tout, dans ces nouvelles, est affaire d'allusion et d'humour: combinards maladroits, meurtriers inexpérimentés, policiers balourds..."
Antoine de Matharel, poète et critique, revue Poésie sur Seine n°44.

"Classiquement polar - Un agréable moment à passer avec l'Allée du vingt, recueil de nouvelles non tant "noires" comme l'affirme la première de couverture qu'appartenant à la nouvelle polar "classique", au sens noble du terme. [...] Intrigues serrées où, dès les premiers mots, se met en place une mécanique implacable qui retient l'attention du lecteur jusqu'à la chute, toujours inattendue, voire spectaculaire. Dans un style limpide, tendu et humoristique, on nous raconte ce que vient faire tel personnage, cinq ans après, toujours aussi traumatisé, devant cet immeuble avec son allée du vingt qui monte sur le flanc gauche. Ou ce qu'on peut attendre d'un petit cercueil gentiment arrivé par la poste... A déguster lentement avec un verre de Brouilly et "Tutu" de Miles Davis sur la platine".
Léo Lamarche, Nouvelle Donne, le magazine de la nouvelle - n° 31 mai/juin 2003. 

[Recueil qui] "rend hommage à la tradition, il est conforme à l'esprit "noir" et aiguise la technique narrative dans une langue méticuleuse. Ainsi fonctionne-t-il sur les troubles psychologiques, les non dits, les dérives, les décalages. Les histoires sont soupesées, ficelées, paramétrées en fonction de la chute, chronomètre précis et impitoyable..."
Nathalie Potain, Brèves, actualité de la nouvelle n°69

                                                               

                                                                                                                      

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